Les mélodies de la Sirène résonnent de nouveau

1°) Bonjour, bonjour ! Je vis pour l'instant sur Toulouse (avant de retourner au Japon ?), étudiant en en deuxième année de chiropratique (pour ceux qui ne connaissent pas n'hésitez pas à nous demander, nous sommes prêts à faire la pub de notre future et non moins génialissime profession), comme notre cher Thanatos.

Fan de lecture, de jeux vidéos, d'arts martiaux, de sciences, de rp et de Saint Seiya, j'ai déjà participé à plusieurs forum (ceux des mêmes fondateurs d'ailleurs et c'est aussi pour eux que je reviens). J'espère qu'on partagera de longues heures de rp et pouvoir vous donner bien du fil à retordre avec les autres Marinas !


2°) Concernant votre personnage, donnez les informations suivantes :

Nom : Sorrento
Age : inconnu
Sexe :Masculin
Constellation/Ecaille/Etoile : Général de la Sirène Maléfique, Gardien du Pilier de l'Atlantique Sud



3°)
La partie Role play maintenant. C’est là que vous allez être jugés pour
obtenir votre personnage alors ne ratez pas une étape ….

1ère étape : votre enfance.

Sorrento était né en Autriche et vivait dans un petit village tranquille de l'est. Ses parents avaient tous deux de forts tempéraments. Son père, Karl, était un mélomane passionné d'aikidô, Médecin-herboriste de formation, héritier d'une longue lignée de médecins renommés à travers le monde, les Edel. Il était toujours prêt à expliquer les choses à son fils avec une grande patience. Sa mère, Aude, était anthropologue et virtuose de la musique, comme le prouvait le talent dont elle faisait preuve avec son piano, son violon, sa harpe, ou sa flute traversière. Sa vision du monde était plus "humaine", mâtinée de poésie et de sentiments, là où son époux était beaucoup plus rationnel. Elle aimait attiser la fibre de la compréhension de l'Autre chez leur enfant.

Quand une question le prenait, il suffisait que Sorrento la pose et, immédiatement, ses parents lui offraient le choix entre deux types de réponses possibles à la même question : celle du scientifique et celle du philosophe. Suivant son humeur ou son propos, il sollicitait l'une, l'autre ou bien les deux...

Tant et si bien qu'il finit par être affectueusement surnommé "M. Pourquoi" par son entourage. Etait-ce pour cela qu'il fut toujours un enfant particulièrement précoce, vif et curieux de tout ? Toujours est-il qu'à l'âge de trois ans, il passait des heures tout seul à l'orée de la forêt située derrière la maison, et qui couvrait la majeure partie du Domaine familial, à regarder les fourmis ou bien à observer le soleil. Par ailleurs, que ce soit par mimétisme avec sa mère, ou par goût personnel propre, les instruments de musique le fascinaient, et il profitait souvent des après-midi ensoleillée pour aller jouer de la flûte dans la lisière. Son père disait fièrement que c'était bien son digne rejeton, ce qui faisait tendrement sourire son épouse.


Très tôt, ses parents lui avaient appris à respecter les choses autant que les gens, et à en prendre grand soin. Par conséquent, Sorrento farfouillait toujours librement avec ses parents dans leurs bureaux et avait libre accès à leurs livres. Et c'est avec une certaine surprise qu'ils s'aperçurent un jour de ses trois ans qu'il les lisait. Certes, Aude lui avait donné les rudiments nécessaires à un enfant de son âge, mais tout de même, parvenir à lire des livres d'anthropologie ou de mythologie ! Alors, ils lui fournirent un panel complet d'ouvrages concernant ses sujets préférés : la musique, la Nature et les animaux.

Suite à ces lectures, Sorrento commença à sortir dans le jardin et dans le terrain autour de la maison pour observer les animaux et les insectes à propos desquels il lisait des articles. Il se mit à passer des journées entières à alterner entre lectures, observations, mini-concerts et promenades. Il devint de plus en plus aventureux. Rien ne semblait l'effrayer et sa soif de découvertes était de plus en plus forte.

Sorrento était bien protégé et aimait la vie. Mais pendant ce temps, les choses n'étaient pas roses, dans la famille Edel. Karl était l'aîné, et donc le successeur aux activités de la lignée. Particulièrement doué pour les affaires, surtout pour celles à l'éthique douteuse, son cadet, Heinrich, n'avait pas vraiment apprécié d'être écarté pour des raisons aussi « fallacieuses » que des questions d'éthique. Par conséquent, sa reconversion dans le négoce d'armes ne surprit personne. En très peu de temps, Heinrich s'était retrouvé à la tête d'un empire digne du plus grand propriétaire terrien, financé grâce aux ventes d'armes dans tous les points chauds du monde. Une sorte de revanche sur le sens des valeurs transmises dans cette famille qui lui a refusé sa direction...


Sorrento grandissait et entra un jour à l'école. Ce fut sa première vraie confrontation avec l'humanité dans sa grande diversité. Etait-ce un malheur ou un bonheur pour lui, nul ne le sait. Mais il apprit beaucoup sur la nature du monde et sur ceux que ses parents et la quasi-intégralité de sa famille s'évertuait à vouloir soigner et soulager.

Il intégra une école tranquille, mais pour autant, la bêtise humaine ne l'épargna pas. Ses talents de musicien lui valurent l'adoration d'un grand nombre de jeunes filles, ce qui n'était pas pour plaire aux autres garçons. Ils tentèrent bien de l'intimider en le menaçant et en l'assaillant à plusieurs, mais les bases d'aikidô que lui faisait pratiquer son père tous les jours lui permirent d'esquiver tous les coups, à chaque fois, augmentant d'autant la frustration et la fureur de ses assaillants. Un jour, bien évidemment, ils parvinrent, en l'attaquant tous en même temps, à s'en saisir et à le rouer de coups. Sorrento n'oublia jamais la petitesse et la méchanceté obstinée dont ils avaient fait preuve à son égard.

Les domestiques du Domaine, quand ils le virent rentrer en piteux état, le soignèrent, essayèrent de la consoler et de lui changer les idées. Ils l'aimaient tous beaucoup, même si ses espiègleries d'enfants les fatiguaient parfois. Mais rien n'y fit. Sorrento ne dit plus un mot jusqu'au jour suivant. Lorsque ses bourreaux tentèrent de se divertir de nouveau à ses dépens, ils tombèrent sur une victime fort peu consentante et passive... et reçurent la correction de leur vie !


Suite à ça, Sorrento, qui avait une forte tendance à recueillir et à soigner tous les animaux blessés ou égarés, se ferma aux autres humains et se focalisa sur ses amis non-humains. Ses excursions en forêt se firent de plus en plus longues, et il s'aventura de plus en plus profondément dans la végétation. La musique devint un refuge. Jouer de sa flûte le relaxait, et ses concerts devinrent de plus en plus longs et fluides, égrénant uniquement les compositions que son instinct lui avaient soufflées.

Peu à peu, il se rendit compte que les animaux réagissaient différemment selon les associations de notes qu'il enchaînait. S'en amusant, il parvint à créer des symphonies qui induisaient chez son auditoire des réactions couvrant l'intégralité de la palette des émotions connues. Pour s'en assurer, il songea à essayer sur quelqu'un mais il hésitait, de peur qu'on ne le prenne pour un fou. Par un étonnant hasard, il tomba nez-à-nez avec des braconniers qui chassait un oiseau sur les terres de sa famille. Ne sachant que faire pour les neutraliser ou les gêner, il fit ce qu'il faisait depuis des mois : il se mit à jouer une de ses symphonies. Un sentiment confus de malaise s'installa chez les brigands, qui, ne comprenant ce qui leur arrivait, s'enfuirent rapidement. Sorrento laissa éclater sa joie pour la première fois depuis fort longtemps quand il vit l'oiseau prendre son envol et disparaître. Il était satisfait de lui, et rentra tôt ce soir-là. Il savait que les domestiques préparaient en secret une surprise pour son huitième anniversaire, le lendemain.

Le premier jour de sa huitième année vint, et avec lui, un terrible évênement : un accident eut lieu. L'avion de ligne qui assurait une liaison Buenos Aires-Vienne, sur lequel ses parents avaient embarqué pour revenir vers lui s'écrasa en plein océan Atlantique. Il n'y eut aucun survivant. Le monde de Sorrento s'écroula en un instant.

2e étape : votre formation

Sorrento n'était plus que l'ombre de ce qu'il avait été. Les domestiques avaient tout essayé pour ramener la flamme intense de vie qui brillait dans ses yeux auparavant. Il n'était plus qu'un pantin aux habitudes mécaniques qui semblait traverser la vie sans plus s'émouvoir de rien. Rien, en dehors de la musique. A mesure qu'il avançait dans ses morceaux et qu'ils grandissaient en intensité, Sorrento paraissait revenir peu à peu à lui. Sorrento avait hérité de tout, à la mort de ses parents, mais, du fait de son jeune âge, c'était son oncle, Heinrich, qui avait pris la régence de l'activité de la Famille. Il avait ainsi pu créer un énorme consortium qui regroupait et mêlait des activités médicales, militaires, et immobilières.

C'est ainsi que plus rien ne paraissait pouvoir atteindre Sorrento, quand, au terme de son morceau favori, ce dernier remarqua un jour un détail qui raviva un vieux souvenir chez lui : l'oiseau qu'il avait sauvé des braconniers quelques années auparavant était posé sur une branche à quelques mètres devant lui, et le fixait intensément. Cela faisait plusieurs jours qu'il ressentait une présence étrange quand il jouait à cet endroit de la forêt, et enfin, Sorrento parvenait à identifier celui qui l'observait à son insu. Quand l'oiseau fut certain qu'il avait toute l'attention de l'adolescent, il s'envola, décrivit deux larges cercles et s'enfonça plus profondément dans la forêt. Immédiatement, mut par un instinct oublié, Sorrento sauta sur ses pieds et courut à la poursuite de l'oiseau. Il parcourut une longue distance, sans y prendre garde, sans s'en soucier.

« Attends moi. Je n'ai pas d'ailes, moi ! »

Comme s'il l'avait entendu et compris, l'oiseau se posa sur le bras d'une statue qui marquait l'entrée d'un petit bâtiment en pierre de taille qui semblait venir d'un autre temps. Il fixa Sorrento droit dans les yeux, puis se tourna vers l'entrée de l'édifice. L'adolescent se focalisa alors sur la construction, et resta stupéfait : on aurait dit un petit mausolée, d'environ six mètres de côté, qui, bien que paraissant très ancien, ne semblait pas avoir été altéré par le temps. Les pierres étaient empilées et s'encastraient parfaitement, de sorte qu'aucun mortier n'avait été utilisé.

Comment avait-il été possible de parvenir à une telle perfection dans l'utilisation de blocs de pierres aussi massifs, et que faisait ce bâtiment antique dans le fond de la forêt familiale ? Pourquoi personne au château ne l'avait-il jamais entretenue ni mentionnée ?

D'un pas d'automate mais fluide, Sorrento avança et pénétra dans l'édifice. Une salle d'une dimension insoupçonnable de l'extérieur s'étendait sous ses yeux. Les murs étaient soutenus d'immenses colonnes gravées. Des fresques splendides ornaient les murs et le plafond. Sur le mur du fond, une ouverture laissait apparaître un escalier qui s'enfonçait rapidement.

L'oiseau traversa en vol plané et s'engouffra dans l'escalier, suivi de près par Sorrento. La descente dura longtemps, très longtemps.

« Jusqu'où allons-nous comme ça ? Cela fait au moins trois heures qu'on descend. Si ça continue, on va arriver au centre de la Terre ».


A cette idée, un sourire qui n'était plus apparu depuis des années se dessina sur le visage de Sorrento. Enfin, ils débouchèrent dans une nouvelle grande salle. Au centre, se trouvait l'oiseau, posé sur l'épaule d'un homme en armure ! C'était un grand homme, à la peau très mate. Il tenait une lance dans la main gauche et portait une armure dont les reflets oscillaient entre l'or et l'ocre. Il regardait l'adolescent, et son visage arborait une expression étrange que Sorrento ne parvenait pas à décrypter. Il semblait le jauger.

« Alors te voilà enfin. Il t'en aura fallu du temps avant d'émerger, si je puis dire ! Approche, s'il te plaît. »


L'homme tendit la main droite vers lui, paume vers le bas. Lorsque l'adolescent arriva à sa portée et que la main toucha sa tête, il lui sembla qu'une vague d'énergie, de vie (!) lui permettait d'atteindre un niveau de conscience oublié. Tous ses souvenirs, tous les évênements de sa vie prenaient une nouvelle dimension, comme si une éternité s'était écoulée et que le recul lui permettait de mieux comprendre et percevoir la Nature du Monde.

« Bien, je vois que tout n'est pas perdu, en ce qui te concerne. Mais tu n'es pas encore digne de mon enseignement. Cependant, avant tout, tu dois choisir : veux-tu venir avec moi et endosser le poids du destin qui s'offre maintenant à toi, ou préfères-tu retourner à la médiocrité de ta vie actuelle ? »

« Je viens, mais il faudra que je puisse revenir auprès des miens. J'y ai des choses à rétablir. »

« Soit, nous verrons cela. Il me semble effectivement important que tu restes en contact avec ton monde. Dorénavant, tu peux m'appeler Chrysaor. Je suis le Général de l'Océan Indien. Mais tu comprendras plus tard... »


Sur ces mots, Chrysaor entraîna Sorrento vers le fond de la salle, où se trouvait un trône, puis s'agenouilla devant le siège, tirant l'adolescent dans le même mouvement. A cet instant, une présence incroyable fit son apparition. Sorrento ressentit une pression époustouflante émanant du trône, mais ne vit personne. Soudain, un individu, tenant un trident dans sa main droite, s'y matérialisa, ainsi que six autres silhouettes indistinctes, juste derrière lui.

« Seigneur Poséidon, mes respects. »

« Merci à toi, Général Chrysaor. Tu as accompli ta mission, sois en fier.

Jeune Edel, sois le bienvenu. Je t'offre un avenir et des enseignements dont tu ne soupçonnes même pas l'existence. Si tu acceptes de suivre l'entraînement auquel mes Généraux te soumettront, tu auras la possibilité d'accéder à un statut qui, je le pense, te donnera grande satisfaction. »

« Merci à vous. Chrysaor vous a appelé Poséidon. Le Dieu des Mers ? Je ne voudrais pas paraître insolent, mais que peut bien me vouloir un Dieu. Je ne vois pas en quoi je pourrais vous intéresser. Je n'ai rien de particulier. Et je ne veux pas me couper totalement de ma famille et du Domaine. »

« Oui, je suis bien le Dieu des Mers, et tu te trompes. Laisse moi seul juge de ce dont tu es capable. Quant à ce qui est de te laisser en contact avec ta vie terrestre actuelle, je ne pensais pas faire autrement. Tu pourras revenir si tu es capable de maintenir une double-vie, sans trahir tes activités avec nous. Alors, acceptes-tu ou non ? »


Sorrento réfléchit quelques instants, puis acquiessa.

« Soit, j'accepte. »

« Fort bien. Dorénavant, tu seras sous la garde de mes Généraux. Considère que tu leur dois la même loyauté et la même obéissance qu'à moi. Ne leur désobéis sous aucun prétexte. Tu t'y es engagé. »


Sur ces mots, Poséidon disparut, laissant les six silhouettes et Chrysaor derrière lui.

« Comme je te l'ai dit, tu n'es pas au niveau de ce que j'ai à te transmettre. Aussi, vais-je te confier à Kassa, auparavant. Il va te préparer pendant une année environ. Si tu parviens à lui résister, alors nous nous reverrons. A bientôt. »

Le dénommé Kassa apparut devant Sorrento tandis que Chrysaor disparut.

« Voila, tu es à moi, maintenant. On va pouvoir jouer ensemble pendant tout une année. Hé hé hé...

Tu reviendras t'entraîner ici, demain, et tous les jours d'après. Je t'attends à 9h pile. Ne t'avise pas d'être en retard ou tu en subiras les conséquences. Et ne commence pas à gémir sur le temps qui t'est nécessaire pour parvenir jusqu'ici. C'est ton problème.

Je n'aime pas les gamins et encore moins ceux qui passent leur temps à pleurnicher. Souviens-t'en. »


Epuisé par sa journée, Sorrento mit plus de trois heures à rentrer au château, ce soir-là. Le lendemain, il partit vers cinq heures du matin afin de ne pas manquer son rendez-vous. Il parvint dans la grande salle juste à temps.

« Eh bien, eh bien, on dirait que tu ne t'es pas enfui. Je me demandais si tu reviendrais, aujourd'hui. Nous allons donc passer aux choses sérieuses, directement. Ta condition physique est déplorable. Nous allons essayer d'y remédier. Cette salle est assez grande pour ce que tu vas faire.

Tu vas te débattre dans des parcours d'épreuves courts que je vais matérialiser pour toi. Tous les soirs, tu effectueras un parcours plus long. Jusqu'à ce que tu y parviennes, tu devras me supporter. Au fait, je suis un maître des illusions, et ne compte pas sur moi pour te faire des cadeaux. Amuse-toi bien. »


Ainsi, Sorrento passa sa journée, ainsi que toutes les suivantes, sous la supervision de Kassa à travailler sa vitesse, sa physique dans toute sorte d'exercices différents. Mais rapidement ce fut surtout sa vitesse de réaction et sa capacité d'innovation qui furent le plus mises à l'épreuve. Ces exercices étaient ponctués, tous les soirs, par un nouveau parcours long très difficile, auquel il échouait systématiquement.

Néanmoins, on pouvait voir de jour en jour le jeune homme s'affirmer et présenter de plus en plus de résistance à Kassa, gagnant peu à peu une musculature fine et puissante. Au bout de six mois de ces intenses efforts, Sorrento réussit enfin à finir les parcours de Kassa avec facilité, et mettait moins de trente minutes à effectuer le trajet château-salle d'entraînement, tandis qu'au début, il lui fallait plus de trois heures d'intenses efforts.

Constatant ces améliorations, Kassa lui dit :

« Je suis obligé de reconnaître que tu t'es un peu amélioré. Il y a peut-être quelque chose à faire de toi, finalement, Sorrento, mais cela est loin d'être suffisant pour que tu puisses me vaincre. »

« Je me suis habitué à tes illusions, Kassa. Encore quelques temps, et nous en reparlerons. »

Au terme de l'année, Chrysaor apparut.

« Ce n'est pas mal, mais effectivement encore insuffisant, Sorrento. Dorénavant, Kassa, au vu de ses progrès rapides, je le prendrai en charge une heure par jour, après votre session, jusqu'à ce qu'il arrive à te vaincre. »


En apparté, Chrysaor glissa à l'oreille de Sorrento :

« Je dois dire que j'aime beaucoup la façon dont tu as repris les choses en main, là-haut. A partir de demain, les choses vont devenir plus difficiles pour toi, ici. »


Sorrento avait, en effet, obtenu son émancipation légale, et repris les activités de sa famille, au grand déplaisir de son oncle Heinrich, qui avait tout tenté pour l'en empêcher. Une guerre sournoise s'était donc déclarée entre les deux derniers membres de la famille Edel. En journée, Sorrento subissait les épreuves de Kassa, tandis que le soir il représentait les activité médicales Edel. Il s'affirmait de plus en plus chaque jour.

« Tu es à deux doigts de pouvoir le battre, mais il te manque un savoir qu'il maîtrise mais pas toi. Si tu parviens toujours à surpasser ses parcours, maintenant que j'ai piqué son orgueil et que je l'ai poussé dans ses retranchements, je te l'enseignerai. Impressionne-moi. »


Sorrento était rentré au château et réfléchissait à ce que lui avait dit Chrysaor, quelques semaines auparavant. Même s'il s'était habitué aux illusions de Kassa, il ne comprenait toujours pas comment ce dernier s'y prenait pour les créer. Etait-ce à cela que le Général de l'Océan Indien faisait référence quand il parlait de leur différence de « savoir » ? Il lui avait expliqué, longuement, ce que Sorrento sentait depuis déjà un certain temps : la présence d'une énergie commune à tous les êtres vivants, le « Cosmos », l'existence de sens surpassant les cinq utilisés par le commun des mortels. Le sixième sens, son intuition, lui avait depuis tout petit été familier, son père l'incitant à toujours l'écouter. C'est d'ailleurs ce qui avait permis au jeune Edel de résister avec autant de facilité à Kassa, jusqu'à ce jour. Par contre, un septième sens, totalement inconnu de Sorrento, avait été évoqué.

Il ne comprenait pas bien à quoi cela pouvait tenir. Comment sa maîtrise pouvait-elle permettre à Kassa de créer des illusions ? Chrysaor lui avait pourtant bien dit que ce n'était pas son nature réelle, mais que c'était la façon dont il l'utilisait, qui permettait à l'homme des Lyumnades de façonner des mirages aussi parfaits et vivides. D'autres produisaient d'autres effets, totalement différents.

Sorrento ne parvenait pas à ressentir son septième sens, mais pour autant, il avait réussi à atteindre un niveau où il pouvait percevoir les cosmos des autres à toute distance, et les différencier en fonction de leurs propriétaires et de leurs états d'âmes du moment. Ainsi s'était-il aperçu que beaucoup d'autres possédaient un cosmos de plus ou moins grande puissance à travers le monde. Il avait demandé à Chrysaor qui étaient ces gens, mais ce dernier avait refusé de lui répondre dans l'immédiat, tant qu'il n'aurait pas fait ses preuves. Il faudrait pourtant qu'il lui explique ce point, un jour.

« Que pourrais-je faire d'un tel pouvoir ? Comment me le personnaliser ? Et comment l'appréhender, avant tout ? Ils en ont de bonnes, eux, quand ils disent que je ne peux le trouver que seul ! »


Balayant d'un revers de la main ces pensées négatives qui ne lui seyaient pas, Sorrento revint à son naturel calme et posé.

« Bah ! Peu importe, de toute façon, je me suis économisé, jusqu'à présent, et il me reste encore pas mal de marge de manoeuvre. Autant les exercices de Chrysaor sont vraiment difficiles, autant ceux de cette mauviette de Kassa me font à peine transpirer. J'ai bien envie de faire une petite surprise à ce prétentieux de Kassa. Je parie qu'il ne soupçonne même pas que je n'utilisais que 50 % de mes forces, pour l'instant... Je vais commencer par lui faire perdre ce qu'il a de plus fragile : son sang-froid ! »


Le lendemain, Sorrento arriva dans la salle d'entraînement avec une bonne quinzaine de minutes d'avance. Profitant de l'absence de son entraîneur, il sortit sa flûte traversière et entama un morceau Allegro. L'exécution de la composition était magistrale et arrivait à son paroxysme d'intensité quand Kassa apparut. Immédiatement, et avec une fluidité époustouflante, la mélopée se mua en un requiem cristallin et enchanteur.

« Tu es en retard, cher entraîneur. Ou peut-être suis-je devenu trop rapide pour toi ? », lui asséna le musicien, entre deux mesures, d'un ton délibérément plat et neutre.

Le Marina n'apprécia pas du tout le ton de celui qu'il considérait comme un simple passe-temps.

« Tu vas le regretter. Tu m'agaces avec ta musique. Depuis des mois, tous les jours, tu amènes cet instrument de malheur, et tu joues avec pendant des heures, avant et après nos séances. C'est bon pour les faibles, pas pour les combattants. Tu ne deviendras jamais rien d'autre qu'un minable, si tu continues à te comporter comme une fillette, morveux ! »

« Soit, si tu le dis... Commençons, à moins que tu ne sois trop fatigué, ou que tu sois à court de ressources... »


Un léger sourire narquois ne quittait pas le visage de Sorrento, et son ton plat ne variait pas, contribuant toujours davantage à l'énervement de son interlocuteur.

« Aujourd'hui, nous allons essayer quelque chose de nouveau, mon petit. Tu aimes avoir mal ? Tu aimes tes parents ? Tu te souviens d'eux ? Penses-tu qu'ils aient souffert lors de leur mort ? Cela a dû être atroce, non ? Vraiment, je ne les envie pas... »


Instantanément, une bouffée de colère monta en Sorrento, qui se calma aussitôt. C'était toujours un sujet délicat, et entendre un malotru bouffi d'orgueil tel que Kassa parler d'eux de la sorte avait le don de révolter l'adolescent. Mais il était accoutumé aux façons de faire de son adversaire. Il lui devait une fière chandelle, au final, car c'était en grande partie grâce à son comportement malsain et provocant, que Sorrento avait réussi à transcender son sentiment de culpabilité et ses regrets.

Aux débuts, il était tombé dans le piège un nombre incalculable de fois, puis il avait réalisé que c'était exactement le but de la manoeuvre de Kassa. Ce dernier était un expert en illusions, mais surtout un faible doublé d'un lâche, qui profitait des faiblesses d'autrui pour s'insinuer et en abuser.

« Comment a-t-il pu être accepté en temps que Général ? Le niveau et l'éthique de ces derniers sont-ils donc si bas ? » Telles étaient les questions qui avaient taraudé l'adolescent pendant de longs mois, jusqu'à ce qu'il commence la deuxième partie de son apprentissage avec Chrysaor. Lui, était complètement différent, quoique très orgueilleux et sûr de lui, également... Etait-ce un trait commun aux Généraux ?


Il ne fallait à aucun prix qu'il ne devienne ainsi, Sorrento le savait, le sentait tout au fond de lui. C'est ce qui ferait sa supériorité, et surtout assurerait sa longévité.

« Et alors, tu rêves ? Dans ce cas, me voici ! Je vais faire en sorte que plus rien ne vienne te distraire. », déclara le Général des Lyumnades, tirant l'adolescent de ses pensées.


C'est avec l'apparence de son père, ce grand humaniste, qu'il l'assaillit. Surpris, Sorrento ne parvint à esquiver que partiellement l'attaque. Chrysaor fronça les sourcils, mécontent et déçu. Il avait pris l'habitude de venir observer les séances entre celui qui était devenu son élève et ce Général qu'il n'appréciait lui aussi que peu.

Il voyait les progrès fulgurants de son disciple, mais restait frustré et impatient de voir ce dernier se surpasser enfin et utiliser ses vraies ressources. Il n'était pas dupe, il avait senti les immenses possibilités qui restaient dormantes et gâchées par paresse, au fond du jeune homme, et cela le poussait à toujours lui en demander plus, pour le pousser dans ses retranchements.

Kassa l'avait fait exploiter et développer sa puissance physique en permanence, par le biais de parcours et d'épreuves dignes de ce que les plus grands glaciers pouvaient offrir de plus complexe. La nature même de ses illusions avait appris à Sorrento à utiliser sa tête et son instinct en juste équilibre.

Puis, Chrysaor lui avait fait prendre conscience que ce à quoi Kassa l'avait soumis n'était finalement rien de plus qu'une mise en bouche, à côté du niveau d'exigence que sa lance et lui imposaient, durant les exercices de vitesse, d'esquive et de combat rapproché autant qu'à distance qui s'enchaînaient.

Au-delà de toute prévision, Sorrento était devenu fort, rapide, agile, malin, capable de lire les mouvements à venir de ses adversaires, mais surtout, il ne se départissait jamais d'un calme et d'une maîtrise personnelle qui en faisaient un opposant imprévisible et redoutable.

Mais plus Chrysaor lui en demandait, plus Sorrento faisait preuve d'économie, réussissant toujours, développant à chaque fois un peu plus de puissance et d'astuce que la session précédente, mais n'en faisant pas plus que de nécessaire, non plus. Aucun éclat, aucune certitude. Comment voir ce qu'il avait en lui, sans le mener trop près de la mort, s'il ne faisait aucun effort ?

Il ne restait plus à Chrysaor que peu de temps avant de devoir rendre compte à Poséidon des avancées du jeune homme, et pour le moment, ce qu'il avait à lui rapporter n'allait pas être du goût de l'Empereur des Océans, c'était sûr.

A cet instant, il fut tiré de ses réflexions par un bruit aigu, suivi d'un rugissement effrayant. Kassa reculait, visiblement empli de doutes et de craintes. Sorrento semblait en feu, l'air autour de lui dansait et ondulait rapidement mais avec fluidité, dans un mouvement quasi-hypnotique. La pression qui s'en dégageait aurait été insupportable – et mortelle - pour quiconque d'un rang inférieur à un Général !

« Tu as osé poser tes sales mains sur la seule chose que m'a laissé ma mère !? Tu as essayé de me prendre sa flûte ? Comment as-tu osé ? Je vais te faire passer l'envie, et même la simple idée, de recommencer un jour ! Alors tu n'aimes pas la musique ? Tu es répugnant. »


Sur ces mots, Sorrento porta l'instrument à ses lèvres, se mit à jouer le même requiem que celui qui avait salué l'arrivée du Général des Lyumnades, un peu plus tôt, et disparut de vue ! Seule restait sa musique qui résonnait à travers toute la pièce, envoutante et inquiétante à la fois.

« Tu es très fier de tes illusions, Kassa, pourtant, elles sont ton principal point faible ! » La voix semblait venir de chaque pierre, tout à la fois. Aucun des deux Généraux ne parvenait à le localiser, et pourtant...

« Vois ce qu'il est possible d'en faire, avec un peu de sensibilité et d'intelligence. Que ce requiem t'accompagne sur le long chemin de la folie, misérable ! Je t'ai assez supporté... »


L'homme des Lyumnades se prit la tête entre les mains, commença à tituber, avant d'ouvrir la bouche en grand pour pousser le plus horrible des cris de sa sinistre vie... Mais aucun son n'en sortit. Il ne contrôlait plus son corps, qui se mit à trembler et à s'agiter de façon grotesque. Dans ses yeux se lisait une terreur et une détresse incommensurable. Il était perdu !

Soudain, un cosmos d'une rare intensité enveloppa Kassa, qui s'effondra lamentablement au sol en gémissant. Ce cosmos appartenait à quelqu'un que Sorrento connaissait : le Général de l'Océan Indien.

« Il suffit. Il ne te servira à rien de l'assassiner. Ce serait démesuré. Il n'a jamais essayé de te tuer, alors qu'il aurait mille fois pu le faire à sa guise. Sois raisonnable. »


Chrysaor avait pris la position du Lotus et s'était concentré, prêt à en découdre avec le jeune homme si ce dernier n'entendait pas raison. La musique s'interrompit, et Sorrento réapparut, avec un air étonnamment apaisé.

« Tu as raison. Je n'aurais pas dû. Tu es aussi en tort, Kassa, mais dans le doute, je vais considérer que tout ce que tu as fait était purement dans l'intérêt de mon entraînement, et te présenter mes sincères excuses.

Toutefois, tu l'auras compris, ne t'avise jamais plus de toucher de près ou de loin à cette flûte, cela reviendrait à une déclaration de guerre. »


L'atmosphère se détendit et Kassa disparut, laissant Chrysaor seul en tête-à-tête avec Sorrento.

« T'es-tu rendu compte du niveau qu'a atteint ton cosmos durant ton attaque contre Kassa ? Tu t'es élevé jusqu'au septième sens. Sache que la colère est mauvaise conseillère, et tout comme tu n'as pu maintenir cette puissance qu'un bref moment, l'absence de maîtrise de tes sentiments t'empêchera de progresser. Dorénavant tes séances avec Kassa vont se réduire à une heure d'échauffement en début de journée, puis, je prendrai le relais pour améliorer ton contrôle et ta puissance, ainsi que te guider vers le développement de tes capacités propres. Ensuite, il faudra que tu passes une dernière épreuve devant Poséidon, qui nous dira si tu es digne de nous rejoindre définitivement, et quel rang te revient.

Je t'accorde une semaine de permission totale. Tu peux en disposer comme tu le souhaites, sans révéler notre existence, bien sûr. Met-la à profit afin de régler les dernières affaires que tu peux avoir en cours là-haut et te préparer, car ce qui t'attend n'est pas facile. Tu ne pourras plus t'économiser comme tu le faisais jusqu'à présent, souviens-t'en.

Mais pour l'instant, quelqu'un a demandé à te voir... A bientôt, jeune Sorrento. »

3e étape : l'avènement du nouveau chevalier

Chrysaor s'effaça, laissant la place à une jeune femme blonde en armure, elle aussi, qui le regardait avec une infinie douceur.

« Alors, te voilà donc. C'est incroyable comme tu lui ressembles. La même expression de sérénité et de mélancolie mêlés dans un regard profond comme l'océan, tels que dans mes souvenirs. Ta mère doit vraiment être fière de toi. »

« Ma mère ? De quoi parles-tu ? Qui es-tu ? »

« Je suis Thétis, la sirène. Je connaissais très bien ta mère, nous étions amies et le sommes restées jusqu'à sa mort. Elle veillait sur moi, quand j'étais toute petite. Et pour cause, elle était des nôtres. Elle était aussi une sirène, mais elle nous a quittés pour ton père. Elle revenait de temps à autres, et c'est comme ça qu'elle en est arrivée à prendre soin de moi, alors que j'avais perdu mes parents. Tu étais né peu avant, et je suppose que son instinct maternel a fait le reste. Mais elle retournait tous les soirs auprès de ceux d'en-haut. Cela l'aura menée à la fin que nous lui connaissons tous. Cependant, je ne suis pas sure que tu détiennes tous les tenants et aboutissants de l'affaire. Tu devrais venir avec moi faire un tour dans l'Océan Atlantique Sud, pour voir les vestiges de l'avion dans lequel ils ont péri. Je suis scertaine que, toi aussi, tu y trouverais des détails intéressants... »


Sur ces mots, thétis lui tendit une main, que Sorrento, se fiant à son instinct, saisit sans hésiter. Ils traversèrent la porte située au fond de la salle où il s'entraînait depuis des mois, et aussitôt, se retrouvèrent sous une nef d'eau, où Sorrento pouvait parfaitement respirer. Un paysage riche s'étendait sous ses yeux ébahis, et, au-dessus de lui, nageaient librement des poissons. Une sorte de plafond retenait l'eau bien fermement, l'empêchant de tout recouvrir.

« Je ne peux t'emmener avec moi, sans écaille, tu serais broyé par la pression de l'eau. Aussi vais-je y aller et te montrer ce que je vois sur site, par le biais de nos cosmos. Tu n'auras qu'à te laisser faire. Ne cherche pas à ajuster ton cosmos, laisse les images venir à toi, naturellement, d'accord ? »

« J'ai compris. »


Sur ces mots, d'un bond agile, Thétis traversa la voûte d'eau et disparut de vue, laissant Sorrento à ses pensées.

« Qu'est-ce qui me garantie que ce ne sera pas une nouvelle sorte d'illusions, telles que celles que Kassa est capable de former ? Je suis habitué aux siennes, mais peut-être y a-t-il d'autres types que je ne saurais pas détecter ? Il va falloir que je sois prudent. D'un côté, mon instinct me souffle que je peux lui faire confiance, mais d'un autre côté, je ne dispose pas encore de tout le savoir pour cohabiter sans doutes avec les Marinas et leurs semblables. L'avion a coulé dans une zone trop profonde pour que des recherches ou une récupération puisse être envisagée, alors je n'ai aucune donnée... »


Tout-à-coup, des images commencèrent à affluer en masse dans son esprit. Des images d'une carcasse d'avion, au fuselage éventré... mais, un instant ! Quelque chose d'illogique dans le cas d'un simple accident. Non, cela ne pouvait pas être...

« Si c'est la réalité, alors je vais devoir faire quelque chose de drastique. Il n'y a qu'un moyen pour moi d'en être certain... »

« Merci, Thétis, tu peux revenir, je voudrais que tu me parles de ma mère, de comment elle était, de la manière dont elle a rencontré mon père, de la façon dont elle vous a quittés, et tout ce que tu voudras bien me dire encore... »


Sorrento alla s'asseoir un peu plus loin, pour attendre la Sirène. Quand elle revint auprès de lui, il avait repris son expression ordinaire, et rien ne semblait l'avoir atteint.

Ils passèrent ensuite de longues heures à converser ensemble. Quand thétis remarqua que Sorrento portait une flûte traversière, elle l'interrogea du regard.

« Oui, c'est celle de ma mère. Je la conserve en souvenir d'elle. »

« Sais-tu en jouer ? »

« Oui. »

« Accepterais-tu de jouer pour moi ? »


Sans répondre, Sorrento porta le tube argenté à ses lèvres et entama un air doux et apaisant, celui qu'il jouait souvent quand il allait se réfugier dans la forêt tout seul. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas interprété, mais le naturel et l'élan du morceau guidèrent sa main aussi surement que s'il n'avait jamais arrêté de le jouer.

Thétis avait fermé les yeux et se laissait porter par la mélopée. Puis, elle se mit à fredonner doucement sur le rythme qui la berçait, pour enfin autoriser toute la magnificence de sa voix à accompagner et à renforcer la majesté des notes. L'ensemble résonna dans tout le Sanctuaire sous-marin, et chacun de ses habitants s'arrêta un instant pour écouter et céder au charme de la douce mais puissante mélodie qui les emportait loin des rivages de la réalité. Même le divin Poséidon prêta une oreille attentive à l'air enchanteur qui envahissait agréablement son Royaume.

Lorsque les deux voies se turent enfin, il semblait qu'un moment de grâce s'était établi sur les Océans et leurs occupants, qui revinrent à regret à leurs occupations normales. Pour la première fois depuis fort longtemps, Sorrento fut ému par quelqu'un. Un lien particulièrement fort venait de se tisser entre la Sirène et lui.

« Merci beaucoup. Il est temps pour toi de retourner chez toi. A bientôt, j'espère. Si tu veux me voir, tu sais comment faire, n'est-ce pas ? », lui souffla d'une voix suave la Sirène, tout en s'éloignant rapidement.


Sorrente réintégra la château, mais une nouvelle question le taraudait, faisant écho aux paroles de Thétis. « Il est temps pour toi de retourner chez toi. ». Pendant des années, il n'avait fait aucun doute que son foyer se trouvait tout naturellement dans le château familial. Mais maintenant, une seule personne avait tout fait basculer en quelques instants. Où résidait donc son coeur ? C'était bien la première fois qu'il se posait cette question depuis sa « résurrection », depuis qu'il avait rencontré Chrysaor et que sa vie avait pris un sens nouveau.

Il décida de ne pas prendre la semaine de repos que lui avait offert Chrysaor, et retourna à la salle d'entraînement au bout de trois jours, après avoir établi la certitude que son coeur était stable et ses choix fermes et irrévocables.

« Alors te voila. Es-tu bien sûr de toi, Sorrento ? »


L'adolescent le regarda droit dans les yeux. Quelque chose avait changé dans son regard, un feu nouveau y brûlait quand il répondit avec assurance :

« Oui. Commençons sans plus tarder. »


Un bref sourire s'esquissa sur le faciès du Général, puis s'évapora aussi vite qu'il était venu.

« Ton épreuve sera la suivante : tu as dix mois pour me vaincre. Pour le tempérament que tu as, je suis d'un niveau autrement plus difficile que Kassa, tu l'auras remarqué. Tu vas t'installer dans la suite attenante à cette salle, pour plus de commodité. », Lui expliqua Chrysaor, en lui désignant une porte latérale ornée de fines ciselure et de gravures à l'image de créatures mythiques des Mers.


«Ne t'inquiète pas, personne ne se souciera de ton absence, car tu as officiellement été appelé d'urgence sur un cas sanitaire très particulier, pour une durée indéterminée. Nous avons fait le nécessaire...

Aussi, durant les cinq mois qui viennent, tu vas t'échauffer et travailler ton physique avec Kassa. Puis, tu passeras le reste de ton temps avec moi, à apprendre à méditer, à transformer ton âme en un lac imperturbable, et enfin à ouvrir ainsi qu'à contrôler tes sept chakras.

Les cinq mois suivants seront consacrés à l'élaboration et au perfectionnement de tes capacités spécifiques, à ce qui te rendra unique.

Finalement, tu retourneras passer ta dernière semaine là-haut. Et ensuite seulement, nous verrons si tu es devenu capable de me surpasser. »


Et c'est ainsi que Sorrento passa les neuf mois suivants exclusivement en compagnie de Kassa, Chrysaor et Thétis, la Sirène, qui passait de temps à autres lui rendre visite et parler avec lui de mille et une choses. Leurs rencontres se concluaient invariablement par des duos magiques qui résonnaient dans tout le Royaumes de Poséidon, égayant le quotidien des Marinas et des créatures des Mers, qui se mirent à attendre chaque jour avec impatience la représentation des deux musiciens.

La nature calme et posée de Sorrento, couplée à ses expériences récentes, lui permirent de rapidement parvenir à contrôler ses chakras. Son coeur et son esprit devinrent rapidement des monolithes inamovibles, tout en conservant la sensibilité à fleur de peau qui lui donnait tout son talent.

Un jour, à l'occasion d'une pause à la fin de leur « échauffement », Sorrento posa une question à Kassa :

« M'en veux-tu pour ce que je t'ai fait subir ? »


Un instant déstabilisé et hésitant, Kassa reprit son étrange sourire sardonique :

« Absolument pas. Pourquoi t'en voudrais-je ? »


Portant sa flûte à ses lèvres, Sorrento entama une douce mélopée que Kassa n'avait jamais entendue, mais qui lui sapa les jambes et lui mit le cerveau en coton.

« Comprends-moi bien, Kassa. Je ne cherche pas à te nuire. Comme tu peux le voir, j'ai acquis certaines capacités, moi aussi. Je regrette sincèrement d'avoir abusé. Mais il faut que tu décides toi-même si tu es prêt à ce qu'on parte d'un nouveau pied, ou non... Je ne te crains pas, et j'aimerais que tu ne me craignes pas non plus. Je souhaite que nous passions plutôt à un respect mutuel, au moins en regard des capacités individuelles, si tu ne veux respecter les individus... ». Sur ces mots, sorrento stoppa net son interprétation, ce qui permit à son interlocuteur de reprendre le plein contrôle de son corps et de son esprit.

« On verra, si tu passes ton test final... »


Chrysaor arriva sur ces entrefaits.

« As-tu réfléchi aux aptitudes particulières que tu aimerais développer, comme je te l'avais demandé ? »


Jetant un regard en coin à Kassa qui s'éloignait, Sorrento répondit avec un petit sourire :

« Oui, et j'ai même commencé à expérimenter. »

« Bien, alors explique-moi en quoi consistent ces facultés, que nous puissions nous organiser efficacement. »

« Il y a longtemps que j'ai remarqué que suivant les morceaux, je pouvais affecter et influer sur les sentiments et les réactions des autres. Tu sais également qu'à l'image de mes sentiments, mon cosmos est un océan furieux qui couve sous une gangue de contrôle. Tu as jugé, à raison, qu'il fallait que j'apprenne à dompter mon coeur et mon esprit par la méditation, puis mon énergie vitale via mes chakras. Mais c'est insuffisant à mon goût.

Par conséquent, j'ai choisi deux voies que je souhaite suivre en parallèle :
- d'une part, canaliser le cosmos avec ma flûte et ses mélodies comme catalyseurs pour manipuler et présider à la destinée de ceux qui m'entourent,
- d'autre part, développer les possibilités des vagues de mon cosmos sans catalyseur. »

« C'est très ambitieux, et d'autant plus sur un aussi court délai... », commença Chrysaor.

« Comme je te l'ai dit, j'ai déjà commencé à pratiquer avec l'aide de Thétis. Nous verrons bien. »

C'est ainsi que les deux personnages s'attelèrent à la tâche d'arrache-pied. Au terme du quatrième mois, l'imagination et le talent de Sorrento lui avaient permis de créer et de parfaitement développer trois morceaux spéciaux, la sweet melody, la dead end symphony, et la dead end climax, et deux vagues de cosmos, comme il les appelait, Musician Circle, une défense invulnérable, et une tempête d'énergie pure, MizuArashi.

La sweet melody lui permettaient de plonger ses victimes dans un profond sommeil, la dead end symphony lui donnait le contrôle de leur corps et de leur volonté, et enfin la dead end climax leur infligeait tout simplement la mort. Bien entendu, ces effets se déclinaient selon des modes plus ou moins rapides et plus ou moins doux, selon le bon vouloir de Sorrento.

Sans catalyseur, son cosmos prenait des aspects beaucoup plus violents et puissants, des vagues difficiles à maîtriser. Devant l'ampleur de la tâche, ils furent pris par le temps. C'est pourquoi il décidèrent de se concentrer une défense infranchissable, simple et stable sous la forme d'un cercle dessinée avec l'aide de la flûte, et enfin, une forme de tempête de cosmos qui permettait de contrôler l'eau présente autour ou à l'intérieur du corps de l'adversaire.

« Je dois dire que je suis impressionné par ta capacité de travail et ton talent naturel. Tu es aussi prêt que possible. Maintenant, retourne dans le château de ta famille. Thétis m'a dit que tu avais des choses à y régler. Je t'attends ici dans une semaine. Je te mènerai alors devant le Dieu des 7 Mers, Poséidon. »

« Merci, Chrysaor. Je serai là sans faute dans une semaine. »


En quelques instants, Sorrento se retrouva à l'entrée du château, où il fut chaleureusement accueilli par l'ensemble des domestiques, toute réserve oubliée. Il reprit ses quartiers dans sa chambre, qu'il retrouva avec un étrange mélange de nostalgie et de soulagement. Rien n'avait changé, et tout allait bien. Un doute sournois ne l'avait jamais vraiment quitté dans les moments où il s'était retrouvé seul, depuis la découverte qu'il avait faite sur le fuselage de l'avion, grâce à Thétis.

Le lendemain, il décida de se lever tôt et de quitter discrètement le château. Il ne serait pas absent assez longtemps pour que qui que ce soit s'en aperçoive... si tout se passait bien. Il arriva rapidement devant la demeure de son oncle, s'y infiltra furtivement, et pénétra dans le grand bureau sombre où il savait qu'il le trouverait. Et effectivement, son instinct ne l'avait pas trompé. Face à lui, stupéfait, était assis Heinrich Edel, le marchand d'arme, le pourvoyeur de mort, le profiteur sans scrupule qui faisait honte à tous ceux qui portaient ou avaient porté le nom de Edel.

Avant même que ce dernier n'ait le temps d'esquisser le mouvement qui lui permettrait d'appeler des renforts ou de l'aide, Sorrento commença à jouer doucement de sa flûte. Etonnamment, aucun son n'en sortit, mais l'effet fut immédiat sur son oncle, qui ne put plus faire aucun geste ni émettre aucun bruit.

« Il y a une petite conversation que nous aurions dû avoir voici bien des années, mon cher oncle. Au sujet de l'accident qui a coûté la vie à mes parents. N'avez-vous rien à me dire à ce sujet ? Je vais libérer votre cou, afin que vous puissiez répondre avec plus d'aise. »


Faisant tourner sa tête de gauche à droite et de droite à gauche, en signe de négation, Heinrich regardait Sorrento avec une terreur lisible dans les yeux.

« Ce n'est pas beau de mentir, vous savez. J'ai moyen de vous forcer à me dire la vérité. Je vais vous montrer. »


Sorrento entama la Dead End Symphony. Heinrich commença à parler et à débiter ses secrets les plus sordides sans rien pouvoir faire pour l'arrêter.

« Ton père m'a pris ce qui me revenait. Pourquoi a-t-il été choisi et pas moi ? Il méritait que je le fasse tuer. Son avion a explosé à un endroit de l'Océan où je savais qu'il serait impossible de mener des recherches et une enquête. Personne ne pouvait savoir. Comment as-tu... »


Ses mots s'étouffèrent dans sa gorge quand Sorrento s'arrêta de jouer, maintenant une note. La frustration, la colère, le désir de vengeance et mille autres sentiments se mêlaient dans son regard d'ordinaire si calme et profond.

« Espèce d'assassin, t'es-tu déjà demandé ce que cela faisait de mourir étouffé, ou noyé, ce qui revient au même ? Si tu ne le sais pas, tu vas vite le découvrir... »


Heinrinch devenait bleu à vue d'oeil. Soudain, un souvenir fugitif refit surface dans l'esprit tumultueux de Sorrento. Sa mère, une sirène, avait quitté les siens pour l'amour des hommes, et elle était morte par amour. Comment pourrait-il, lui, renier ce qu'elle avait bâti au prix de sa vie, au même titre que la tradition de la famille Edel, et devenir un assassin similaire à Heinrich ?

Il relâcha alors sa prise.

« Tu vas te livrer à la justice internationale, avouer ta culpabilité et être jugé pour tous tes crimes, marchand de mort. Si tu ne le fais pas, je reviendrai pour toi. Et là... »


Heinrich appuya sur le bouton de l'alarme, mais Sorrento avait déjà quitté sa propriété, et s'en trouvait déjà loin, retournant au château Edel. Lorsqu'il entra dans sa chambre, il eut la surprise de trouver une sirène volante en Or en train de planer dans les airs, au milieu de la pièce. Avant même qu'il n'ait pu esquisser un mouvement, elle se scinda et recouvrit son corps.

Il fut instantanément transporté dans une salle majestueuse, autant par le sobriété et la beauté de ses décorations que par ses dimensions, au bout de laquelle se trouvait un trône, en tout point semblable à celui qu'il avait vu lorsqu'il avait suivi l'oiseau qui l'avait mené aux Marinas, la première fois.

« Sorrento, tu peux être fier de toi. La justice divine ne peut être appliquée par quiconque en-dehors des Dieux. Heinrich fait partie de ces misérables humains qui ne méritent pas de vivre. Joins-toi à moi, sous mes ordres, nous instaurerons une utopie, un havre de paix et de justice, où plus personne ne souffrira. Chrysaor l'a bien compris, et c'est pour cela qu'il a rallié ma garde d'élite, les Généraux des Mers. Tu en as l'étoffe, l'Ecaille de la Sirène Maléfique, gardienne de l'Atlantique Sud t'a reconnu comme digne d'elle. Crois-moi, ce n'est pas anodin. Elle est parmi les plus exigeantes et les plus difficiles. Et je regretterais de ne plus pouvoir t'entendre jouer de ton instrument, surtout dans tes duos avec Thétis... »

« Vous rejoindre ? En tant que Général de l'Atlantique Sud ? La vie ne manque pas d'ironie, ma foi ! »

« Tu m'as vaincu, Sorrento, et tu as gagné, à ce titre, toute mon admiration. Je n'ai pas été aussi fort que toi. Je pensais que ma religion et mes valeurs seraient assez fortes pour me permettre de résister, mais cela n'a pas été le cas. Lorsque s'est présentée l'occasion de venger les massacres qu'ont subi les miens, au Sri-Lanka, je l'ai saisie et me suis transformé en un monstre assoiffé de sang, comme ceux que je haïssais. Plus tard, j'ai compris mon erreur, mais il était trop tard. En ce sens, tu m'as vaincu. Sois-en fier, toujours ! »

« Une utopie sans souffrance ? Soit, en mémoire de tous ceux qui comptent, je suis dorénavant Sorrento de Sirène. »

« Qui sait, on arrivera peut-être à s'entendre, petit. Qui sait ? »


Mais Sorrento avait déjà salué Poséidon et tourné les talons pour rejoindre le Pilier de l'Atlantique Sud, où il se doutait que l'attendait Thétis...

Et bien que dire sur un poste pareil rien a part un grand bravo franchement j'ai adoré ya rien a redire pour moi je te valide avec un grand oui et j'ai hâte de te lire en Rp félicitation pour l'obtention de ton personnage et encore une fois bravo pour cette belle fiche

Bon moi aussi j'approuve, bien que j'en suis a la deuxième partie et je li le reste après bienvenue parmi nous Sorrento et amuse toi bien sur SSR

félicitation et bienvenue parmi nous

SORRENTO !! Petite sirene maleffiiquueee !

Yoroshiku ne.

Merci à tous pour votre accueil.

Bienvenue et bon rp parmis nous ^^

Salut l'ami! content de pouvoir rp à nouveau avec toi! Au fait ta présentation est vraiment top! bravo!

Merci, merci.

J'espère aussi qu'on va bien s'amuser, chers "adversaires".